La double mort de Zanaroff, peintre morétain, délaissé par les siens
Prudent Pohl, dit Zanaroff, fut un personnage emblématique de la ville de Moret durant des décennies. On lui a consenti une rue, ses oeuvres trônent à la mairie mais pour le reste : RIEN !
2016, 50 ans de la mort de l'artiste qui a durant plus de trente ans immortalisé les lieux, personnages et monuments des alentours : pas un mot. Pas une commémoration officielle !
Juste une décision administrative : la concession du cimetière arrive à son terme. Il faut relever les ossements ou la renouveler ! Un petit rectangle fiché au sol, écrit dans un français incorrect...
Mais qui sommes-nous pour obérer d'un coup de tractopelle ceux qu'hier on encensait et qui ont participé à notre renommée et forgé notre identité ?
2019, juste avant le terme des trois ans de délai légal d'affichage avant relèvement, un couple de particuliers s'émeut de la situation, nettoie la tombe et rachète la concession sur ses fonds propres. Sans leur vigilance, c'en était fini à jamais ! (Heureusement, une souscription est en cours depuis pour y participer ! Ceux qui le souhaitent peuvent m'envoyer leurs coordonnées que je transmettrai).
350€ pour 50 ans, le coût de la concession au cimetière, c'est 7€ par an ! 3,50€ pour Prudent Pohl Zanaroff (1885-1966) et 3,50€ pour son épouse Irène (1894-1996)... Ca ne pèse pas lourd dans un budget communal pourtant ! Seulement il aurait fallu y penser... Et puis après tout, un peintre surnommé "le peintre des gueux"...
Le miroir aux alouettes me fascine toujours.
En regard on célèbre Sisley, "le peintre de Moret" ! Mais du grand maître, les oeuvres sont dans les plus prestigieux musées du monde ! A Moret, pas même un croquis ! Ni en mairie, ni au musée qui n'a de musée que le nom et l'image glacée d'un passé fané ! Question de budget, de sécurité, conformité ; question de volonté surtout ou d'absence de volonté... Sisley a sa rue aussi, de quoi se plaint-on ??! Même sa maison, enfin surtout celle de "ses amis", bien située dans un local concédé par les autorités, qui fut même une librairie autrefois mais maintenant n'en parlons pas. Et sa statue ! Elle qui embrassait autrefois du regard le Loing, contemple maintenant, déplacée à l'entrée de la ville, les files de voitures qui s'agglutinent aux heures de pointe. Paraître, montrer, afficher... mais à quand être, aimer, exposer ?