Oh! quel farouche bruit font dans le crépuscule Les chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule!

Rendons à Victor Hugo les deux vers de ce titre, résonnance célèbre de son hommage A Théophile Gautier (L'intégralité du poème est lisible là : https://www.poetica.fr/poeme-3779/victor-hugo-a-theophile-gautier/ ). 

André Malraux se saisit d'un hémistiche pour titrer son ouvrage sur ses derniers entretiens avec le Général de Gaulle. 

Aucun de ces quatre Grands Hommes n'eut laissé se produire d'aussi honteuse destruction de notre patrimoine, si local fut-il ! 

Je me place humblement sous leur patronage pour écrire ces lignes. 

Je livre ci-dessous mon mail du 19 septembre à Monsieur le Président de la République :

LETTRE OUVERTE A MONSIEUR EMMANUEL MACRON

Monsieur le Président de la République,

Au moment où vous venez, dans le cadre des Journées du Patrimoine, saluer le remarquable travail de réhabilitation et de mise en valeur fait à Thomery (Seine et Marne) dans la propriété de feue l’artiste Rosa Bonheur sur une initiative privée, je dois attirer votre attention sur le sort funeste qui est fait à quelques kilomètres de là, à des biens patrimoniaux d’exception ayant appartenu à des collectivités locales.

En effet, la Commune Nouvelle de Moret, Loing et Orvanne est limitrophe de By-Thomery et inclut notamment la ville de Moret sur Loing, immortalisée par Alfred Sisley et bien d’autres peintres. Or le Maire de Moret sur Loing, premier adjoint de la Commune Nouvelle de Moret, Loing et Orvanne, Président de la Communauté de Communes Moret, Seine et Loing, Président du Conseil Départemental de Seine et Marne, mène depuis plusieurs années une campagne de vente de biens immobiliers (qu’il a lui-même fait acquérir auparavant à la commune ou la communauté de communes) à des investisseurs chinois, à grand renfort de perspectives de collaboration sino-française. Peut-être eut-il mieux valu envisager une collaboration franco-chinoise car le résultat est désastreux pour le patrimoine architectural de notre région. 

C’est un fait pour la propriété de l’ancien Président de la République Sadi Carnot à Ecuelles dont les travaux ont été stoppés nets, la New Silk Road
Company (propriétaire) ne payant pas les factures, laissant le bâtiment dans la désolation et en quête d’un repreneur courageux et très fortuné. 

C’est aussi le fait pour les bâtiments dits de « l’Ecole Centrale », sis dans le coeur historique de la cité médiévale de Moret. Ces bâtiments comportent des granges à l’arrière, un immeuble sur la rue Grande et, entre, une maison du 15è siècle avec charpente du 17è siècle, élevée sur des caves voûtées du 12è ayant fait l’objet de fouilles archéologiques et d’aménagements permettant autrefois l’ouverture au public. Or, tout ce qui n’est pas visible de la rue, après avoir été laissé à l’abandon par la mairie pendant 17 ans, a maintenant été partiellement détruit par le nouveau propriétaire qui a engagé des travaux malgré les refus de permis de construire de l’Architecte des Bâtiments de France. Il a fallu près de deux ans pour que ces travaux illégaux, destructeurs et pour une part irréparables soient enfin arrêtés mais la toiture est depuis deux années découverte, livrée aux intempéries et les murs étouffés dans du ciment gris ; quant aux caves… ??? nul ne sait. 

Depuis, un arrêté de péril imminent a été décrété mais cependant le propriétaire s’est permis de faire construire une extension en août dernier, toujours sans autorisation et surtout contre toutes les normes en vigueur dans cette zone incluse dans un périmètre de protection au titre des Bâtiments de France (fenêtres pvc, toiture en bac-alu, etc. ). La Mairie, informée, n’a toujours rien fait encore une fois pour faire respecter le droit et le patrimoine français. Des articles sont parus dans la presse, un reportage a également été diffusé sur France 3 mais en vain. On nous parle d’histoire ancienne alors que les méfaits se reproduisent. 

Nous sommes de nombreux habitants et citoyens, à Moret comme dans d’autres communes de France, à nous offusquer de ces passe-droits, à nous révolter contre ces pratiques et le silence que l’on tente de nous imposer. Mais nous n’avons aucun pouvoir si ce n’est de vous alerter et de faire appel à votre autorité.  

C’est pourquoi, Monsieur le Président de la République, à l’occasion de ces Journées du Patrimoine qui fait la fierté de notre pays, je vous demande
d’intervenir pour que notre patrimoine architectural soit enfin respecté par tous, Français et étrangers, pour que les services des Bâtiments de France qui en ont la charge aient les moyens juridiques de faire appliquer et respecter la Loi et ne dépendent plus des élus pour ce faire, enfin pour que cette situation intolérable de devoir regarder impuissant notre pays démoli illégalement et impunément, cesse et ne se produise plus jamais. 

Vous remerciant, Monsieur le Président de la République, de bien vouloir remédier à ces dysfonctionnements de notre République, héritière et garante d’un long et riche passé, je vous prie de croire en l’expression de ma considération respectueuse et de mon impatience dans un avenir meilleur pour le Patrimoine, la Démocratie et la France.

Marie-Ange Monnereau-Strintz